VRAI et FAUX en même temps
Les voitures partagées sont une bonne idée lorsqu’il existe par ailleurs des transports en commun efficients qui permettent d’aller travailler sans utiliser de voiture. Mais elles ne sont pas, à ce jour, une réponse adaptée à la mobilité bruxelloise.
- Les utilisateurs de ces voitures sont des personnes qui se rendent au travail par un autre moyen de transport que la voiture et qui ne l’utilisent qu’occasionnellement, le week-end notamment. Numériquement, elles ne peuvent pas être utilisées aux heures de pointe par ceux qui se redent au travail ou en reviennent. Même le samedi, jour des courses en supermarché, il va falloir en mettre beaucoup pour que ça marche… Avant de supprimer des places de stationnement pour y mettre des voitures partagées, il faut développer très largement les transports en commun et améliorer leur efficience. Même si des progrè_es ont été faits ces dernières années, on est loin du compte.
- Parmi ceux qui font la morale aux « bagnolards », que nous commençons à bien connaître depuis deux ans que nous travaillons sur le Bad Move, la plupart ont une voiture, qu’ils laissent la plupart du temps dans leur garage personnel ou dans un parking payant et qu’ils utilisent, selon les explications qu’ils nous ont données oralement, « quand ils en ont vraiment besoin » (sous-entendu : ceux qui roulent tous les jours avec n’en ont, eux, pas réellement besoin), pour « faire les courses », « aller chercher leur grand-mère » ou « rendre visite à leur famille » en Belgique ou à l’étranger (et tant pis pour le train moins émetteur en CO2…). Nos pro-Good Move ne cherchent même pas à donner l’exemple.
La fin de la « voiture privée » et les voitures partagées, c’est pour les gueux, on l’avait bien compris.
- Le développement des voitures partagées se traduit par une véritable privatisation du domaine public par des sociétés privées.
La plus connue de ces sociétés, c’est la société Otpimobil Bruxelles, qui exploite la marque « Cambio ». Elle est détenue par la société Optimobil Belgique et par la STIB. La SARL Optimobil Belgique est elle-même détenue par Cambio Mobilitätsservice gmbh (Allemagne), la SNCB et la VAB (associée au groupe Boerenbond).
En 2019, avant Good Move, la société Optimobil Bruxelles a réalisé un bénéfice d’environ 220 000 euros. En 2021, après Good Move, ce chiffe a atteint le million, d’euros. Il était en 2022 d’environ 885 000 euros. En baisse mais toujours largement supérieur à avant Good Move. Merci qui ?
- Le système actuel de voitures partagés est inéquitable. C’est écrit noir sur blanc dans le rapport sur les incidences environnementales réalisé avant l’adoption de Good Move : « les solutions basées sur le partage de véhicules, vélos et voitures, se basent sur une tarification unique, quel que soit le revenu de l’utilisateur, ainsi que sur la nécessaire possession d’un compte en banque provisionné. Plutôt que de créer un service public, les autorités ont opté pour une approche commerciale, sans aucune considération sociale. Enfin, il est à noter la part belle laissée au privé, que ce soit pour la gestion des parkings hors voirie ou des véhicules partagés. La tarification du Car et Bike sharing est, également en ce sens, inéquitable. » (p. 103).
Pour résumer : les membres de l’équipe actuelle de Bruxelles mobilité et leurs affidés font tout pour que les bruxellois abandonnent leur voiture, tout en conservant la leur, et font d’une pierre trois coups en « apaisant » la rue devant chez eux, en évitant d’avoir trop de voitures sur la route quand ils prennent la leur, et en enrichissant les sociétés privés de voitures partagées et leurs actionnaires.
Et tout ça en brandissant l’intérêt général, le bonheur des autres malgré eux et la lutte contre le réchauffement climatique (ça fait plus classe que de dire qu’on recherche juste son petit confort). Elle est pas belle la vie ?