Selon Rajae Maouane (Ecolo), dans un article de la DH du 15 mai 2024, « Les écologistes sont les seuls à assumer Good Move, le PS est incapable d’assumer son bilan bruxellois”.
Donc Ecolo assume son » bilan » : ville embouteillé et sale comme jamais, utilisation des enjeux réels en matière de sécurité routière et de santé publique pour promouvoir une politique anti-voiture dogmatique et anti-sociale qui pèse sur les classes les plus défavorisées, espaces de rencontres « réappropriés » mal entretenus et mal fréquentés, mascarades de concertation, asbl subsidiées à millions pour promouvoir les « quartiers apaisés » et faire croire à un soutien spontané des « citoyens », attaques contre les membres de nos comités qui ont tenté de faire remonter à la ministre régionale de la mobilité, aux députés régionaux et aux échevins de la mobilité (Ecolo ou Groen) la détresse de certains habitants ou commerçants…Quel bilan, en effet !
Avec Ecolo / Groen, tout dialogue est impossible
Lorsque les « mailles apaisées » ont commencé à être mise en oeuvre, à l’automne 2022, nous avons essayé de faire remonter les difficultés rencontrées par de nombreuses personnes. Nous nous sommes heurtés à un mur : les partisans de Good Move ont forcément raison, et nous avons nécessairement tort. Au mieux, nous sommes trop idiots pour comprendre que tout cela est fait pour notre bien, trop « résistants au changement ». Au pire, nous sommes de vilains méchants « bagnolards », ancrés dans le XXème siècle et arcboutés sur notre « privilège » consistant à rouler en voiture, voire pour les moins jeunes d’entre nous d’abominables « boomers » responsable de tous les maux de la planète, qu’il convient d’ignorer ou de dénigrer. Les militants Ecolo / Groen eux sont au contraire gentils, intelligents, adeptes des mobilités « douces », en marche vers la « ville créative du XXIème siècle », et ne recherchent que l’intérêt général (qui bien entendu se confond avec le leur), ce qui rend toute critique de leur politique impossible. Good Move est érigé en dogme, en profession de foi, soutenue par des fidèles aveugles et sourds à tout autre parole qui ne serait pas leur évangile.
Une partie du PS a reconnu son erreur dès la mise en place de Good Move fin 2022 et suite à notre interpellation au Parlement bruxellois du 3 octobre 2023
A l’inverse de cette attitude fermée et dogmatique, certains membres du PS ont très tôt été à l’écoute, se rendant compte qu’il y avait une énorme différence entre ce qui était prévu sur le papier, qu’ils ont validé, et la réalité. Ils ont alors eu l’attitude que des responsables politiques doivent avoir lorsque quelque chose ne se passe pas comme prévu : on stoppe, on écoute, on analyse, on corrige le tir. Dans l’émission Les Experts du 21 octobre 2022 (à partir de 5:44 mn), on entend Jamal Ikazban tenir ce discours dès octobre 2022, après les premiers mouvements de contestation à Curreghem et Schaerbeek, alors que nos comités naissaient tout juste et n’étaient pas encore organisés comme ils le sont aujourd’hui. M. Ikazban n’est pas le seul. D’autres ont tiré la sonnette d’alarme dès le début de la mise en oeuvre catastrophique de Good Move. Ce fût le cas notamment à Schaerbeek ou, un peu plus tard, Ganshoren, où le PS était dans l’opposition. Là où Ecolo / Groen, Rajae Maouane en tête, dénoncent un « manque de courage » ou un discours « conservateur » (sic !), nous y avons vu au contraire un vrai courage politique, la capacité de se remettre en cause et d’accepter d’écouter tous les bruxellois, quitte à se faire traiter de tous les noms par leurs « alliés » au Gouvernement régional et dans les collèges communaux.
C’est dans ce contexte que, lors de notre interpellation régionale du 3 octobre 2023, nous avons demandé très clairement au PS d’arrêter de soutenir aveuglement la politique anti-écologique et anti-sociale que nous leur avons longuement décrite, et qui nous semble aller à l’encontre de ce qui est inscrit dans le pacte de majorité. Il est indiqué dans ce pacte que « la mobilité doit permettre de désenclaver les quartiers, de faciliter les déplacements de chacun et de permettre à tous de vivre Bruxelles pleinement et sans entrave ». Or, le Good Move que nous dénonçons n’est pas ce Good Move là, pour lequel le PS a donné son accord, il est même exactement l’inverse : il enclave les quartiers, rend plus difficiles les déplacements automobiles qui continuent d’être nécessaires pour beaucoup à défaut, en dépit des améliorations de ces dernières années, d’un réseau de transports en commun efficient, et il empêche de nombreux habitants, travailleurs et visiteurs de vivre Bruxelles pleinement et sans entraves !
Le PS, au moins, assume ses erreurs. Ecolo / Groen s’enfonce dans un discours moralisateur qui rejette la faute aux « mauvais » bruxellois. Des deux, qui est le plus « conservateur » ?
La prise de conscience a eu lieu, bien avant les élections. Dire l’inverse est tout simplement faux. On peut en revanche regretter qu’elle n’ait concerné qu’une partie du PS. Certains comme Philippe Close à Bruxelles Ville semblent avoir complètement adhérés au souhait de Pascal Smet, père de Good Move, de « transformer » Bruxelles pour y attirer une population plus aisée, contribuant ainsi à une gentrification qui touche toute la région mais Bruxelles-Ville en particulier.
Certes, nous ne sommes pas dupes, le PS trouve un intérêt certain à nous écouter. Mais ce faisant, il ne fait en réalité rien d’autre que ce qu’on peut attendre d’un parti politique, à savoir de la … politique ! Si un parti censé représenter ses électeurs ne les écoute pas et ne relaie pas leur parole, alors à quoi ça sert?
Nous préférons ce schéma politique et démocratique classique à l’attitude des élus et sympathisants d’Ecolo / Groen qui s’enferrent dans leur discours moral, voire moralisateur, néo-libéral, où les individus sont jugés à l’aune du « bon » comportement attendu d’eux et sont stigmatisés s’ils osent dénoncer des politiques qui ne profitent en réalité qu’à la minorité de privilégiés par qui ou pour qui elle a été conçue. Ca, pour le coup, c’est réellement « conservateur », au sens politique du terme. Rajae Maouane et ses amis qui se targuent d’être « progressistes », devraient relire leurs classiques de sciences politiques : on peut dégouliner de bon sentiments et être du côté de la « classe dominante ». La question est politique, pas morale, et collective, pas individuelle. Dans tous les cas, nous voyons plus de dignité dans le fait d’assumer ses erreurs et / ou d’accepter de revoir sa copie après avoir écouté les électeurs que dans celui de rester aveugle et sourd à la souffrance des citoyens et de rejeter la faute sur eux.