Dans un article publié le 20 juin 2024, BX1 titre, à propos d’un rapport de Hub.Brussels, l’agence bruxelloise pour l’entreprenariat, que « seulement 17% des clients se rendent dans les commerces bruxellois en voiture ». En réalité, c’est beaucoup plus compliqué que cela.
En premier lieu, comme indiqué dès le début du rapport, le constat ne vaut que pour les 60 quartiers et, en leur sein, les 123 noyaux commerciaux qui ont été monitorés pour cette enquête. La méthodologie utilisée n’est pas précisée, pas plus que le nombre de clients interrogés et les questions posées. Par exemple, une personne qui a marché 5 ou 10 minutes depuis son lieu de stationnement ou d’arrêt de tram est-elle considérée comme venant à pieds ou pas ? Rien ne nous est dit.
Le résultat de l’enquête est que la proportion médiane des chalands venant en voiture ou à moto est de 17%, contre 48% pour les chalands venant à pied ou à vélo et 43% pour les utilisateurs des transports en commun.
Toutefois, le rapport précise que selon une autre enquête, pendant laquelle les ménages bruxellois ont été interrogés à leur domicile (ce qui rend le sondage plus complet puisqu’il inclut les personnes ne fréquentant pas les 60 quartiers monitorés), la part de l’automobile comme moyen de transport principalement utilisé pour faire les achats monte à 57% en moyenne.
Cela s’explique, selon le rapport, par le fait que cette dernière étude ne différencie pas entre les types d’achats, et qu’elle prend donc en compte, notamment, les déplacements réalisés pour les grosses courses et les achats de biens d’équipement lourd, dans la région mais aussi hors région.
En second lieu, ce chiffre de 17% est une proportion médiane, qui cache une grande variabilité.
Comme on le sait déjà, l’utilisation de la voiture augmente avec l’âge, la catégorie socio-économique et depuis oui vers les zones en périphérie, moins bien desservies par les transports en commun. Et inversement…
Extrait du rapport :
Par ailleurs, le rapport rend compte de ce que l’on sait déjà : on se rend à la boulangerie ou la boucherie du coin à pied ou plus accessoirement en vélo (le chiffre précis n’est jamais donné), mais on fait ses grosses courses de la semaine plutôt en voiture ou en transport en commun. Et comme on va chercher son pain tous les jours, alors qu’on ne va au supermarché qu’une fois par semaine, le nombre de déplacements pieds est nécessairement plus élevé, en valeur absolue et relative. En réalité, il est parfaitement logique que la marche soit le mode de déplacement le plus important, l’inverse serait même véritablement inquiétant.
En conclusion, selon le rapport, « L’analyse de la mobilité dans les noyaux commerciaux permet de dégager plusieurs constats. L’usage de la voiture pour la fréquentation du commerce ne disparaitra pas à court terme. Ce n’est par ailleurs pas forcément souhaitable ni possible partout. Les conflits actuels autour de la mise en œuvre de Good Move, au sein desquels l’accès aux commerces fait partie des enjeux centraux, témoignent de la sensibilité du sujet. Il convient donc probablement de mener une réflexion constructive sur la question de l’accessibilité des commerces ».
Tout ce que nous nous échinons à dire depuis plus de deux ans, en nous heurtant au mépris des partisans du Bad Move selon lesquels il suffit de faire une rue piétonne ou de supprimer les places de stationnement pour que le commerce soit florissant. Si c’est Hub.brussels qui leur dit que c’est un peu plus compliqué que cela, ce sera peut-être mieux entendu ?
Espérons-le en tout cas, pour tous nos commerçants dont les difficultés sont assez grandes comme ça sans qu’il soit besoin d ‘en rajouter avec le BadMove.