Madame la bourgmestre, Madame la conseillère communale,
Nous avons pris connaissance, via la presse et les réseaux sociaux, d’une lettre adressée aux membres du collège et du conseil communal de Schaerbeek, concernant le fonctionnement des interpellations citoyennes. Nous avons également pris connaissance des nouvelles règles que vous entendez faire appliquer lors des interpellations, selon la lettre du règlement mais bien loin de son esprit.
Croyez-bien que nous, citoyens, sommes désolés de ce qu’à Schaerbeek et parfois ailleurs à Bruxelles, ces interpellations ne se déroulent pas dans le calme le plus absolu. Nous sommes les premiers à le regretter. Comme nous regrettons, en fait, d’avoir à vous « interpeller ».
A titre de solution, vous préconisez notamment, de contrôler l’identité des citoyens, d’instaurer une distance physique entre eux et les élus et de les faire sortir de la salle s’ils ne respectent pas strictement le règlement d’ordre intérieur. « Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple », aurait dit Bertold Brecht… Autrement dit, vous proposez de casser le thermomètre plutôt que de soigner les symptômes. Car la vraie question, que vous ne vous êtes apparemment pas posée, est de savoir pourquoi et comment on en est arrivé là ?
Dans son programme électoral de 2019, Ecolo voulait « face à un système en crise (…) réinventer des formes de participation politique permettant de s’exprimer, de délibérer et d’agir. Ensemble. (..) Dans nos systèmes démocratiques dits « représentatifs », l’action citoyenne se limite trop souvent à voter une fois tous les quatre ou cinq ans (…) le citoyen est placé dans une position passive par rapport à la démocratie. Ouvrir aux citoyens l’espace de la responsabilité politique et permettre par là de réduire ce sentiment d’impuissance, voire de fatalité, et ce sans devoir adhérer à un parti politique quel qu’il soit. En échangeant régulièrement sur les questions publiques, les citoyens en font leur affaire et reprennent goût à la politique. Au final, un tel processus participatif permettrait de renforcer la légitimité des citoyens et de leurs représentants, mais également des décisions qui sont issues des débats publics.».
Démocratie et gouvernance – Ecolo
Si, aujourd’hui, des citoyens laissent éclater leur colère lors de conseils communaux, en particulier (mais pas uniquement, rassurez-vous) à l’encontre d’élus Ecolo / Groen, c’est précisément parce que ceux-ci les ont trahis en faisant exactement l’inverse de ce qu’ils ont promis pour être élus.
Cette colère, effectivement très palpable à Schaerbeek, commune particulièrement touchée par du Good Move qui ne dit pas toujours son nom, c’est le revers du mépris auquel les citoyens bien décidés à vous prendre au mot se heurtent depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Good Move a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres : vraies fausses consultations qui sont destinées à informer le citoyen de ce qui a été décidé pour son bien, absence de réponse aux dizaines de courriels et courriers argumentés envoyés aux élus pour dénoncer les effets négatifs de certains plans de circulation ou aménagements, « carte blanche » dans le Vif du 15 novembre 2022 signée notamment par Mme Byttebier et dénonçant, sous des propos se voulant féministes mais faisant en réalité appel à tout un tas de stéréotypes racistes, le « petit groupe d’hommes » qui serait à l’origine de l’opposition à Good Move, propos de Mme Jodogne dans la presse sur les « quartiers difficiles », qui font échos à d’autres propos concernant Cureghem ou Molenbeek, thèse plus récente selon laquelle les citoyens sont manipulés par le MR ou PTB, vrais faux « citoyens normaux » pro Good Move et habitués de Bruzz et BX1, censés nous apporter la contradiction et montrer que si, si, il y a des habitants qui soutiennent Good Move, et qui appartiennent en réalité à des associations (grassement) subsidiées par Bruxelles mobilité pour relayer sa politique sur le terrain, de façon peu transparente, se disant « non politisés » même lorsqu’ils travaillent dans le cabinet d’un bourgmestre ou d’un ministre … et nous en passons, la liste est longue…
Tout est bon pour discréditer ce même citoyen qu’on a courtisé pendant les élections et qui a le culot de penser qu’il était vraiment invité à ne plus rester passif entre deux élections. Tout est bon pour ne pas avoir à lui répondre sur les questions de fond : faiblesses méthodologiques du plan Good Move, plan B si l’effet d’évaporation sur lequel repose le plan ne se produit pas, santé et sécurité des habitants et usagers des axes vers lesquels le trafic est renvoyé, place des PMR, gentrification induite par la mise en place de « quartiers apaisés » et moyens de lutter contre ce phénomène, effets sur certains commerçants…. Autant de questions légitimes dont il apparaît que les citoyens qui se mobilisent aujourd’hui contre ce plan sont devenus davantage experts que certains élus qui ont l’air de ne rien y comprendre quand on tente d’attirer leur attention sur ces sujets lors des vraies fausses réunions de participation ou, en désespoir de cause, lors des interpellations.
Alors oui : quand vous intervenez devant des élus avec des éléments précis, après des heures et des heures de travail, et que vous avez droit à une réponse lénifiante, du genre « cause toujours tu m’intéresses » ou qui démontre par la pauvreté de son contenu que votre interlocuteur ne maîtrise pas son dossier, et que vous avez l’impression, à tort ou à raison, qu’on vous prend pour un c.., c’est dur de rester stoïque et de ne pas réagir. Ne parlons même pas de l’application « à la carte » du règlement d’ordre intérieur par la présidente de séance, en fonction de ce qui l’arrange ou pas, des élus qui arrivent en retard, mal habillés, qui envoient des sms ou regardent YouTube pendant l’interpellation, qui baillent, somnolent (nous avons des photos), regardent leur montre avec un air exaspéré, chuchotent et rigolent entre eux pendant que l’interpellation se déroule, lancent des regards méprisant ou utilisent un ton condescendant – vous n’avez pas bien compris, on va mieux vous expliquer… combien de fois n’a-t-on pas entendu cette petite phrase … – .
La patience a ses limites, et la violence (de classe) n’est pas du côté que l’on croit. Good Move impacte des dizaines de milliers de personnes dans leur vie quotidienne, qui ne s’en trouve pas toujours améliorée ou « apaisée », loin de là. Nous sommes parfaitement conscients des enjeux, nous ne voulons pas le statu quo, mais nous voulons avancer tous ensemble, sans que certains restent sur le bas-côté, victimes collatérales d’un système qui semble ne pas hésiter à sacrifier certains au nom d’une idéologie exclusive et hors sol qui s’éloigne de plus en plus de la recherche de l’intérêt général qui doit guider l’action politique, surtout en ces temps de crise. Alors oui, nous sommes en colère – comment ne pas l’être quand on vous taxe au mieux d’idiot, au pire de brute ?- et votre lettre ne va pas arranger les choses. Il serait temps de le comprendre. Qu’est-ce qui est le plus important : le respect du règlement ou le respect des citoyens ?
Finissons en précisant que contrairement à ce que vous semblez insinuer, il n’y a eu aucune menace de notre part à votre égard ou de qui que ce soit d’autre. Les conseils communaux étant filmés, il est assez facile de vérifier pour qui veut bien s’en donner la peine. Cette accusation infondée participe de la campagne de décrédibilisation dont il a été question plus tôt. Nous pouvons comprendre que l’irruption du « populaire » , au langage parfois peu châtié, dans l’enceinte jusque-là beaucoup plus feutrée de conseils communaux où les affaires étaient réglées entre pairs, puisse susciter du dérangement, voire de la gêne, mais de là à nous accuser d’une violence verbale et physique qui n’existe pas, il n’y a qu’un pas que vous et d’autres avez malheureusement franchi.
Madame la conseillère communale, si les élus respectent les citoyens, ceux-ci les respecteront en retour, n’en doutez pas. Dans le cas contraire, ces mêmes citoyens continueront, sans vous et contre vous s’il le faut, à investir « l’espace de la responsabilité politique » qui était, jusqu’en mai 2019, si cher à votre parti. Vous devriez vous en réjouir, nous réalisons votre programme à votre place !
Liste des signataires (presque tous Schaerbeekois) :
Aberkane Chakir, Aberkane Youssef, Aberkane Rayan, Abdellaoui Samira, Abdumattar Rania, Abdumattar Mohamed Sidji, Abdumattar Racha, Abdumattar Randa, Abdumattar Ahmed, Ahcini Abdelhalim, Ahcini Fatiha, Ahcini Isma, Ahcini Jamal, Ahcini Ikram, Ahmed El Moulat Al Yallouli, Ahloumou Chaib, Ahloumou Ali, Ahloumou Mohamed, Ahloumou Soufiane, Ahloumou Younes, Ahloumou Ilias, Ahloumou Bilal, Ahloumou Sanae, Ahloumou Naima, Ahloumou Khaddouch, Ajouaa Fadil, Ajouaa Amina, Ajouaa Salman Ajouaa Nous Saida, Ajouaa Mouad, Aklissia Mimount, Amarouch Aboubaker, Amitach Mohamed, Amitach Naima, Amraoui Mohamed, Amraoui Lamia, Amri Najat, Amri Said, Amri Abdelkader, Assahraoui Hassan, Assahraoui Salaheddine, Ayad Ahlam, Benaddou Idrissi Asmae, Benaddou Idrissi Aissia, Ben kaddour Sarah, Ben Kaddour Ibtissem, Bilal El hammouti, Bouchaour Sabiha, Bouchaour Hanane, Bouchaour Mourad, Bouchaour Yassin, Bolakhrif Mohamed, Boulaiz Said, Boulet Stéphanie, Boutsakourin Lamia, Boutsakourin Salouwa, Boutsakourin Yasmina, Callebault Nathalie, Cano Philippe, Chekkafi Ilham, Choua Rhimo, Choua Chadia, Choua Naima, Choua Belaid, Choua Miram, Cityia Amowe, Clette Gabuka Véronique, Curato Michel-Ange, Dahman Saida, Dahman Najima, Dahman Aicha, Dahman Meriem, Dahmane Miryame, Dahmane Samira, Dahmane Mohamed, Dahmane Ali, Dahmane Naima, Deruisseau Pierre, Dewilde Catherine, Dimah Mohamed, Dimah Zineb, Dimah Safia, Dimah Daoud, Dimah Ishaq, Dimah Abdelkader, Dimah Abdelkarim, Dimah Abdelmajid, Dimah Abdelhakim, Dimah Leila, Dimah Nassera, Dimah Soumaya, El Abbouti Fouad, El Ahmadi Najat, El Angouri Mohamed, El Angouri Kaoutar, El Berquani Hamza, El Berquani Fatima, El Malki Samira, El Mejdoubi Adile, El Youssofi Mokhtar, El Youssofi Ayoub, El Youssofi Hafsa, El youssofi Hassan, El Youssofi Hussein, El Youssofi Yacoub, El Youssofi Halima, Farah Yousra Haziza, Farah Jellad, Feraaouni Fadma, Feraaouni Aicha, Feraaouni Fatiha, Feraaouni Zakia, Feraaouni Nawal, Foulouh Abdelkarim, Foulouh Mimount, Foulouh Adil, Farah Yousra Haziza, Ghazi Fatima, Ghazi Hamido, Ghadi Abdelhamid, Ghadi Abdelilah, Ghazi Nadia, Ghazi Latifa, Ghazi Khadija, Haddad M’saouri Maher, Hammas Driss Khalida, Hamass Driss Sarha, Hamas Driss Hajar, Hammas Abdelghani, Hammas Hamza, Hammas Salim, Hamouti Yamna, Hammouchi Samira, Harkati Khaid, Harkati Sabrina, Hassani Samir, Hassani Rachid, Hassani Samira, Hassani Hayat, Hassani Touria, Hassani Najat, Hassani Bilal, Hassani Mohamed, Hmidou El Yesfi Yasmine, Jellad Zakaria, Jellad Yasmin, Jellad Fatima, Jellad Elkhamasa, Kadim Said, Koplewicz Marianne, Lachkar Latifa, Lachkar Mohamed , Lebeau Anthony, Leclercq Sami, Leclercq Françoise, Lieutenant Christian, Majid Mohamed, Martinage Gaëtan, Melloul Adel, Melloul Ben Younes, Melloul Amin, Melloul Hanifa, Melloul Zahra, Mouhout Yassine, Mouhout Sabria, Moukhliss Hakima, Moukhliss Nadia, Moukhliss Youssef, Moukhliss Nour, Moukhliss Jamal, Mrini Nawal, Morinard Vanessa, Nasri Saadia, Nasri Sara, Nasri Grizleine, Nasri Imane, N’diaye Alhousseynin Ouamass Samira, Ouamass Ilham, Oumass Mohamed, Oumass Taeeb, Ouazrhari Fatima, Ouazrhari Meriem, Ouazrhari Khadija, Ouazrhari Ali, Ouazrhari Hamed, Ouazrhari Halima, Ouazrhari Ilias, Ouazrhari Ines, Ouazrhari Mohamed, Ouazrhari Fatma, Ouazghari Haddou, Ouazghari Layla, Ouazghari Rachida, Ouazghari Zakaria, Ouazghari Omar, Ouazghari Samira, Ouazghari Yasmina, Ouazghari Latifa, Ouazghari Hafida, Reghif Malika, Reghif Ilyas, Reghif Rania, Riggio Loredana, Rios Michel, Rosa-Rosso Nadine, Ryckaert Dominique, Saif Nasr Bouchra, Samaha Kaltoum, Schnock Jean-François, Sofiane Amina, Speroni Mélanie, Zahri Fatima, Zahri Hosni, Taouil Youssef, Temassi Karim, Touzani Nadia, Vrignon Cécile, Zaari Layla, Zineb Aouad.