Nombre d’entre vous, excédés par le BadMove, nous ont posé la question : « Pour qui voter pour les prochaines élections » ?
Il nous est difficile de répondre à cette question :
- D’abord, en tant que mouvement apolitique, composé de personnes ayant des sensibilités différentes, une uniformité des divergences est difficile à obtenir .
- Ensuite, parce que compte tenu du système électoral belge et du manque de transparence des partis prêts à toutes les coalitions, même les plus improbables, pour accéder ou rester au pouvoir, il est quasiment impossible de faire un pronostic sur ce que nos votes vont devenir. Difficile donc de définir une « stratégie » qui permettrait d’enterrer le BadMove avec certitude.
- Enfin et surtout, parce qu’il faut se rappeler qu’on ne peut pas voter seulement en fonction du BadMove. Economie, social, politique internationale, vision du vivre ensemble… Tout cela doit être pris en compte au moment de glisser votre bulletin dans l’urne.
Pour qui ne pas voter
En revanche, en tant que mouvement citoyen responsable, en fonction de nos expertises de terrain au niveau de la mobilité à Bruxelles, nous pouvons vous dire pour qui nous ne voterons sûrement pas.
Pas d’extrême droite
D’abord et avant tout, nous ne voterons pas pour l’extrême droite en général, ni pour des candidats d’autres partis ayant tenu des propos xénophobes. La Bruxelles que nous aimons et défendons est celle de l’inclusion, de la tolérance et de l’ouverture, contrairement à celle de l’exclusion et de la haine que certains souhaitent imposer. D’ailleurs, si le Vlaams Belang et d’autres surfent aujourd’hui ouvertement sur la colère, légitime, engendrée par le BadMove, et se posent en rempart face à une vision punitive de l’écologie, il se gardent bien de dire que là où ils gouvernent, ils font la même chose.
Ainsi, à Strombeek-Bever, le bourgmestre NVA, ancien du Vlaams Belang, refuse d’écouter ses concitoyens qui se sont mobilisés contre le « Good Move » local, en réunissant près de 3 000 signatures sur les 11 500 habitants que compte la commune (soit 26%).
Ne vous laissez donc pas avoir par les porteurs de haine en tout genre, prêt à promettre tout et n’importe quoi pour accéder au pouvoir.
Pas d’Ecolo /Groen non plus
En second lieu, nous ne voterons pas pour Ecolo/Groen. Une fois au pouvoir, ces partis, qui ont pu susciter beaucoup d’espoir, ont allègrement bafoué toutes leurs promesses électorales, s’agissant notamment de la participation citoyenne et de la promesse de « faire de la politique autrement ». Ces deux partis, qui se veulent pourtant progressistes, ont mis en place, avec le BadMove, une politique d’immobilité qui a pris au piège, essentiellement, les habitants des quartiers populaires que leur politique est pourtant censée servir, si on en croit les candidats Ecolo/Groen.
Mais quand dans ces mêmes quartiers populaires, les habitants font remonter les difficultés qu’ils rencontrent, quotidiennement pour certains, ils se heurtent à un mur d’arrogance, d’incompétence et de mépris : « c’est pour votre bien ; il faut un peu de temps mais le trafic va s’évaporer ; vous n’avez pas bien compris ; vous êtes les victimes d’hommes violents d’origine maghrébine qui ont une forte culture de la voiture ; vous êtes manipulés par le MR ou le PTB; vous êtes des sauvages, des trumpistes… » (cochez la bonne case).
En bref, le plan « Good Move » est parfait, et si ça coince, c’est la faute des habitants qui ne s’adaptent pas assez vite et/ ou de ceux qui les manipulent (car bien évidemment, les habitants des quartiers populaires sont manipulables… c’est-à-dire qu’ils sont assez idiots pour se faire manipuler)…
Ecolo/Groen a donc remplacé la politique par la morale, l’écoute des citoyens par celle d’asbl « amies » (créées ou gérées par des militants ou sympathisants Ecolo/Groen et financées par Bruxelles mobilité), la carotte par le bâton, la définition d’une politique publique fondée sur l’intelligence collective par la parole d’Evangile venue d’en haut.
Derrière les discours, un parti au service d’une minorité plutôt aisée
En fin de compte, en examinant de près la situation comme nous l’avons fait, notamment pour identifier ceux qui profitent du plan BadMove (car il y a des « gagnants »), nous constatons qu’Ecolo et Groen, bien qu’ils s’en défendent vigoureusement, sont devenus des partis « petit bourgeois » au service d’une minorité issue des classes favorisées et de la haute classe moyenne, souvent récemment installée à Bruxelles.
Cette minorité est prête à faire partir ceux qui y sont nés et ont grandi pour réaliser leur vision d’une Bruxelles différente, conçue par eux et pour eux. Non seulement ils ne luttent pas sérieusement contre la gentrification, mais avec « Good Move » et « Good Living » (si ce dernier entre en vigueur), ils y contribuent. On est loin de la « région inclusive » et de la « meilleure qualité de vie » promises.
Enfin, en suscitant une colère croissante auprès d’une grande partie de la population, ils favorisent la montée de l’extrême droite dont nous avons déjà parlé.
Ce sera donc sans nous et, nous l’espérons, sans vous.