Avec Good Move, Elke Vand den Brandt (Groen) et Pascal Smet (Vooruit) veulent faire de Bruxelles une ville pour les enfants.
Mais de quels enfants parlent-ils ?
De ces enfants qui ne voient presque pas leur(s) parent(s) qui part(ent) tôt le matin et rentre(nt) tard le soir à cause des embouteillages ou parce que, obligés d’abandonner leur voiture à cause du prix du carburant et des boucles de congestion, ils doivent faire de longs trajets en transports en commun ?
De ces enfants qui habitent sur l’une des rues vers lesquelles le trafic est renvoyé et dont la santé sera peut-être directement impactée par l’accroissement de pollution et de bruit qui en résulte ?
De ces enfants qui vont à l’école en voiture parce que leur(s) parent(s) les y dépose(nt) avant de filer vers leur lieu de travail à l’autre bout de la ville ou à l’extérieur de Bruxelles, et qui arrivent de plus en plus souvent en retard à l’école depuis que le plan de circulation est en place ?
De ces enfants fatigués parce qu’ils se lèvent encore plus tôt le matin, et qui ont parfois du mal à suivre en classe ?
De ces enfants qui ne jouent pas dans la rue avec leur petits camarades le soir, quand il fait beau car ils rentrent trop tard chez eux … le club de rugby est à 50 minutes en bus de chez eux… ?
De ces enfants qui aimaient monter dans les branches de « Gaston« , cet arbre centenaire sacrifié sur l’autel d’un projet immobilier et d’une piste cyclable certifiée « Good Move »?
De ces enfants qui, durant la « semaine de la mobilité », n’ont pas pu rajouter d’étoile sur le « Walk of Fame » destiné à valoriser ceux de leurs petits camarades qui ont la chance de pouvoir venir à l’école à pied ou en vélo, et qui auront eu honte d’eux-mêmes ou de leurs parents ?
De ces enfants qui, peut-être demain, devront déménager loin de leur quartier, de leurs amis, de leur école et de leur club de sport, après que leur(s) parent(s) auront, la mort dans l’âme, décidé de déménager hors de Bruxelles pour se rapprocher de leur travail ou parce qu’ils seront devenus incapables de payer leur loyer dans des quartiers qui s’embourgeoisent à vue d’œil sous des habits verts et soi-disant progressistes ?
De ces enfants qui, instinctivement, sentent bien la détresse, de leur parent(s) commerçant ou artisan au bord de la faillite, et qui ne tiennent debout que pour eux… attachés à un fil … ? Quelle charge sur les épaules de ces enfants-là !!!
Ce qui est certain, c’est qu’il ne s’agit pas des enfants qui vivent dans cette ville du Maroc où d’anciens bus diesel de la STIB ont été remis en circulation…
M. Smet, Mme Vanden Brandt, n’avez-vous donc aucune empathie ? Vous parlez de « remettre l’humain au cœur de la ville » ? Alors avant tout, parlez leur à ces êtres humains en chair et en os que votre politique hors sol écrase chaque jour un peu plus. Regardez-les, écoutez-les, rendez-leurs leurs voix et leur dignité. Sortez de la tour d’ivoire dans laquelle vous êtes enfermés et allez à la rencontre de ces bruxellois qui font Bruxelles. Certains ont la tête sous l’eau, en cette période de crise majeure, et vous, vous la leur enfoncez un peu plus.
Pire : quand certains se débattent et tentent de crier, on entend dire que cela n’est pas bien, qu’une telle « violence » n’est pas acceptable dans une société démocratique.
Mais c’est votre politique qui est violente ! Si vous ne l’avez pas encore compris, il serait grand temps d’y réfléchir.
Dans tous les cas, par décence, arrêtez de dire que vous faites ce que vous faites pour les enfants de Bruxelles. Et arrêtez des les utiliser pour votre propagande politique et idéologique, comme encore récemment dans cette école de Schaerbeek. Vous ne dupez personne.